Quelles options de financement pour les Smallcaps dans le contexte actuel de taux?

Julia Bridger, associée chez EuroLand Corporate
9 novembre 2023

Dans un contexte de forte baisse des valorisations boursières pour les smallcaps, les émetteurs cherchent des alternatives à l’equity pour se financer et éviter une trop forte dilution.

Les émetteurs essaient de se tourner vers la dette, mais au regard de la hausse des taux d’intérêt, quelles sont leurs véritables options ?

1. La dette bancaire : Partenaires privilégiés des entreprises, les financements bancaires sont aujourd’hui les plus attractifs même si leurs conditions financières ont fortement été revues à la hausse avec des taux fixe d’emprunt d’un minimum de 4% ou des emprunts à taux variable non capés qui peuvent vite renchérir le coût de la dette. Outre les nouvelles conditions de taux, ces prêts restent soumis à des covenants bancaires qui restreignent souvent le montant emprunté.

2. Les financements auprès de la BPI : La Banque Publique d’Investissement demeure un partenaire de référence pour les Smallcaps concernant leurs financements avec une offre variée. Ces financements ont également suivi la hausse des taux mais restent attractifs par leur durée généralement longue de 5 à 7 ans et des différés d’amortissement de 2 ans. Néanmoins, la plupart du temps, ces financements sont conditionnés à une levée de fonds préliminaires en dette ou equity, les offres BPI constituent de bons compléments de financement.

3. Les dettes obligataires convertibles : Depuis déjà plusieurs années, des PME cotées, réalisent des opérations d’émissions d’obligations convertibles non cotées souscrites majoritairement par des investisseurs de type FCPI. Cet outil permet à la société d’éviter une dilution immédiate et diffère une éventuelle augmentation de capital à un cours présentant généralement une prime. En contrepartie, l’obligation offre un taux d’intérêt annuel accompagné d’une prime de non conversion (PNC) capitalisée.

Avant la remontée des taux, de telles obligations avaient une durée de 4 à 7 ans et extériorisaient un TRI de l’ordre de 10 à 12%.

A titre d’exemple, en 2019, les sociétés BIO Uv group et Osmozis avaient réalisé des levées en obligations convertibles de respectivement 3 à 4 M€ avec des TRI respectifs de 10 à 9,8%.

A l’heure actuelle, les TRI de ces mêmes opérations ont fortement augmenté et sont désormais de l’ordre de 12 à 15%. Ce coût peut avoir un impact important sur la structure financière des émetteurs et les mettre sous pression dans un contexte macro-économique compliqué.

Pour rappel, en contrepartie d’un coût pouvant paraître élevé, ce financement n’impose généralement aucun covenant et ne requiert aucune garantie de la part des émetteurs.

4. Les prêts participatifs relance : A la suite du COVID, ce dispositif a été mis en place et est garanti par l’Etat afin de soutenir l’investissement des PME et ETI. Initialement prévu entre le 1er janvier 2021 et le 30 juin 2022, la date d’octroi a été prolongée au 31 décembre 2023. Pour être éligible, la société doit :

  • Justifier un chiffre d’affaires 2029 supérieur à 2 M€
  • Le montant restant dû du PGE cumulé au prêt participatif ne peut pas :
    • être supérieur à 25% du chiffre d’affaires 2029, ou
    • à deux fois la masse salariale 2019
  • D’autres critères liés aux chiffres d’affaires et masse salariales 2020 sont également requis.

Ce financement est réalisé sous forme d’emprunt obligataire d’ une durée de 8 ans, avec un différé d’amortissement de 4 ans (période durant laquelle l'emprunteur ne rembourse pas le capital prêté mais seulement les intérêts et les frais).

Les obligations seront "in fine", c'est à dire intégralement remboursables au bout de 8 ans. A titre d’exemple, en Octobre 2023, la société Wallix cotée sur Euronext Growth a annoncé l’octroi d’un prêt participatif à la Société Générale pour un montant de 2,5 M€.

  • Les emprunts obligataires type Euro PP : Ce financement correspond à une émission de dette obligataire infine (remboursable à l’échéance) sur une durée de 5 à 7 ans souscrite auprès de fonds de dette dédiéspour des montants minimums de 10 M€. Les obligations sont cotées ou non et les contrats obligataires intègrent généralement quelques garanties négociées au cas par cas.

Ces financements n’échappent évidemment pas à la hausse des taux et les récentes annonces de levées pour les PME se font rares. Seule la société UNITI, cotée sur Euronext Growth, a annoncé une levée obligataire via un euroPP en octobre 2023 d’un montant de 12,5 M€ sans préciser les conditions financières.

  • Les financements participatifs : Autre alternative pour les émetteurs, les plateformes proposent des financements à échéance généralement courtes entre 12 à 36 mois, amortissable et à des taux compris entre 9 et 12%.

Au regard de la hausse des taux, les financements non dilutifs se sont renchéris pour les PME ETI dans un contexte macro-économique dégradé, rendant tous les financements alternatifs coûteux. Suite aux récentes déclarations des banques centrales qui devraient stopper la hausse des taux, les émetteurs devraient pouvoir redisposer d’outils de financement plus attractifs.

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