Attractivité : la France a-t-elle les moyens de ses ambitions ?

Thomas Hornus, associé chez EuroLand Corporate
6 février 2024

Depuis la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne en 2019, Paris s'est affirmée comme la "première place continentale post-Brexit", selon le gouverneur de la Banque de France.

Face à la concurrence de autres places financières européennes majeure telles Francfort, Amsterdam ou Zurich, Paris a su tirer profit de ses atouts :

• Une position géographique stratégique : Paris est située au cœur de l'Europe et bénéficie d'une bonne connectivité avec les autres grandes places financières mondiales ;

• Un vivier de talents : la France dispose d'un système éducatif performant qui forme des talents dans le domaine financier ;

• Un cadre juridique stable : la France dispose d'un cadre juridique stable et transparent qui garantit la sécurité des investisseurs ;

• La présence de centres de décision nationaux et internationaux tels que l'Agence bancaire européenne.

Des enjeux économiques et politiques évidents

Depuis 2021, Paris a accueilli plusieurs milliers de financiers en provenance du Royaume-Uni. Des institutions financières de premier plan, notamment des grandes banques anglo-saxonnes, ont choisi d'établir à Paris leur têtes de pont concernant leurs activités de marché dans la zone euro.

Ce succès, bien que significatif, n'est qu'une étape pour la France, qui cherche à renforcer son statut en tant que centre financier majeur en Europe. Le gouvernement français, conscient de l'importance de maintenir cette dynamique positive, a annoncé début janvier, à travers Bruno Le Maire ministre de l’Economie, son intention de présenter un projet de loi sur l'attractivité financière au printemps 2024, dans l'optique de consolider les avancées enregistrées par la place parisienne et de la dynamiser davantage.

Bien que les détails spécifiques de la loi à venir n'aient pas encore été divulgués, des discussions sont en cours avec les acteurs clés de la place financière parisienne pour identifier les éléments cruciaux dans l'installation d'acteurs étrangers.

Outre le renforcement de la position financière de Paris, le ministre a exprimé son souhait de relancer l'union des marchés de capitaux en Europe. La transition écologique et la réindustrialisation exigent des investissements conséquents, et pour y faire face, il propose notamment la création d'une supervision européenne similaire à celle existant pour le système bancaire, avec la Banque centrale européenne, et a confié à un comité d'experts la charge d'identifier les actions concrètes à mettre en place pour consolider la position de Paris en tant que hub financier majeur en Europe.

Des mesures suffisantes ?

Malgré sa nouvelle position - dont les médias se sont largement faits échos lorsque la capitalisation de la place de Paris a dépassé celle de Londres en novembre 2023 - la France, en tant que place financière, souffre de certains retards, notamment :

• un manque de diversification : la place financière de Paris est trop concentrée sur les activités actions. Elle doit diversifier ses activités pour attirer de nouveaux investisseurs notamment avec une réflexion à avoir sur le marché des changes ;

• une régulation complexe : la régulation financière française est souvent jugée complexe et coûteuse, ce qui dissuade les investisseurs étrangers ;

• une désaffection des entreprises : la place financière de Paris vient de subir 2 années de disette en termes de nombre d’introductions en bourse et de montant levés, et les récents reports des IPO de Planisware ou Ampère, confortent ce sentiment de défiance.

Pour redynamiser la place financière parisienne, il est nous semble nécessaire, à minima, de :

• favoriser l’attractivité de l’introduction en bourse pour les PME françaises et européennes, par la mise en place mesures fiscales incitatives et la simplification du cadre réglementaire ;

• développer les activités de marché par la création de nouveaux produits et services financiers ou par l'amélioration de la liquidité des marchés ;

• améliorer la connaissance du fonctionnement des marchés boursiers pour les particuliers, ces derniers constituant un rouage incontournable de l’efficience du marché.

Dans l’ensemble, nous ne pouvons qu’être favorables à cette initiative. Nous formulons le vœu que le comité d’experts pensera, dans ses réflexions et mesures, à solliciter et inclure les PME, maillons essentiels du tissu économique et financier de notre pays, trop souvent mises à l’écart au profit des grosses ETI et des grands groupes internationaux.

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