Au cours des dernières années, la profitabilité a été souvent mise de côté dans les opérations d’introductions en bourse de small/mid caps, les investisseurs se concentrant davantage sur des critères tels que la croissance future, l'innovation et cela dans un environnement de taux d’intérêts très faibles.

Croissance à long terme : Les investisseurs accordaient plus d'importance à la croissance future d'une entreprise qu'à sa rentabilité actuelle. Cette approche était motivée par la possibilité de réaliser des rendements plus élevés à long terme grâce à la croissance future de l'entreprise.

Innovation : Dans certains secteurs, les entreprises en phase de développement ou d’hyper-croissance, se doivent d’investir massivement dans la R&D, l'acquisition de talents ou l'expansion géographique pour se positionner en tant que leader. Les investisseurs valorisaient cette innovation porteuse de croissance au détriment de la rentabilité immédiate.

Environnement de taux d'intérêt bas : Les taux d'intérêt bas que nous avons connus jusqu’à récemment ont rendu les investissements à haut rendement plus attrayants, bien que comportant un niveau de risque plus élevé. Cela a pu conduire les investisseurs à chercher des opportunités de rendement plus élevé, y compris dans des entreprises à croissance rapide mais non rentables.

Nous assistons depuis quelques temps à un relatif retour de l'importance accordée à la profitabilité des sociétés candidates à l’introduction en bourse. Ce changement de perspective s'explique par plusieurs raisons qui reflètent une évolution des priorités des investisseurs et une prise de conscience de la nécessité d'une base solide pour assurer la pérennité des entreprises.

Après des années d’excès, les investisseurs ont réalisé que la profitabilité restait un aspect essentiel de la viabilité économique d'une entreprise, l’hyper-croissance seule ne garantissant plus la durabilité à long terme. Les investisseurs reconnaissent désormais que des profits solides sont nécessaires pour soutenir la croissance, rembourser les dettes, réinvestir dans l'entreprise et générer des rendements durables. Ainsi, la profitabilité est revenue au premier plan des préoccupations des investisseurs.

Par ailleurs, dans de nombreux secteurs, les marchés ont atteint un certain niveau de maturité et la concurrence s'est intensifiée avec des entreprises de plus en plus nombreuses à proposer des produits ou services similaires, ce qui a pu réduire les opportunités de croissance exponentielle. Dans un tel contexte, les investisseurs cherchent à se concentrer sur les sociétés qui ont démontré leur capacité à réaliser des bénéfices durables et à se démarquer de leurs concurrents. La profitabilité redevient un critère crucial pour identifier les entreprises qui ont réussi à créer une proposition de valeur solide et qui sont mieux positionnées pour résister à la concurrence.

Enfin, les investisseurs institutionnels, ayant joué un rôle prépondérant dans les introductions en bourse ces dernières années, cherchent à obtenir des rendements stables et durables pour répondre aux besoins de leurs clients et, après les derniers mois qui ont été assez difficiles sur les marchés des small/mid caps, ils n’ont pas d’autre choix que de remettre la profitabilité au cœur de leur stratégie d’investissement pour pondérer leur risque.

Un tel retour en grâce de la profitabilité est cependant à nuancer. Il est évidemment motivé, au moins en partie, par les mauvaises performances récentes des marchés financiers small/mid caps. Dans ce contexte de forte volatilité et de baisse violente des cours, les investisseurs ont été plus enclins à se concentrer sur des entreprises ayant démontré leur capacité à générer des bénéfices.

Il est néanmoins probable que, lorsque les marchés se redresseront, les investisseurs reviendront à leur anciennes amours pour l'hyper-croissance. Le marché n’a pas de mémoire et il vaut mieux avoir tort avec lui que raison seul !