Après plusieurs années de plébiscite par les marchés boursiers, l’intérêt des investisseurs pour les SPACs semble s’essouffler dans un contexte d’aversion au risque.
Décryptage…
Le SPAC ou Special Purpose Acquisition Company c’est :
• un véhicule d’investissement sans activité opérationnelle,
• créé pour être coté en bourse afin de lever des fonds,
• ayant pour objectif l’acquisition d’une société non cotée dans un secteur et un délai (généralement 24 mois) déterminés.
Comment ça marche ?
Les SPACs sont usuellement fondés et gérés par des entrepreneurs renommés, les « sponsors », dont la visibilité, les références et l’expertise vont permettre :
1. De lever les fonds nécessaires au projet d’acquisition auprès d’investisseurs lors de l’introduction en bourse du SPAC. Ces fonds seront placés sur un compte séquestre portant intérêts le temps d’être utilisés ;
2. D’identifier la ou les cibles les plus attractives dans le secteur déterminé ;
3. De fédérer, si besoin, une équipe de management expérimentée.
Dans un SPAC classique, les sponsors vont apporter environ 2 à 3% du montant total des fonds collectés et obtenir autour de 20% du capital et des droits de vote, le plus souvent à travers l’utilisation d’instruments financiers de type BSA ou actions de préférence.
En France, les SPACs sont cotés sur le marché réglementé d’Euronext et s’adressent principalement aux investisseurs qualifiés qui disposent des connaissances nécessaires pour évaluer le montage proposé.
Le fonctionnement du SPAC, tant qu’il n’a pas réalisé la ou les acquisitions envisagées, est simple : l’assemblée des actionnaires ou le conseil d’administration se prononce sur un projet d’opération envisagée. Si le projet est refusé, les sponsors poursuivent leur recherche dans le délai de 24 mois. Si l’opération est réalisée dans ce délai, le SPAC devient une société cotée comme une autre. A défaut de réalisation de l’opération, le SPAC est liquidé.
A noter que, les investisseurs bénéficient d’un droit de rachat de leurs actions par le SPAC au prix de souscription de l’introduction en bourse s’ils n’approuvent pas le projet d’acquisition sélectionné.
Avantages et inconvénients des SPACs
Les + :
• i) délai pour réaliser l'acquisition, ii) produit placé sur un compte séquestre et iii) droit de rachat des actions du SPAC sont autant de caractéristiques réduisant le risque ;
• l’acquisition d’une société non cotée par un SPAC évite à cette dernière de lancer un processus d’IPO lourd, incertain et coûteux ;
• l’évaluation de la cible est négociée entre la société et les sponsors sans être soumise aux conditions de marché ;
• les SPACs permettent aux investisseurs initiaux de compléter leur ligne en achetant des actions supplémentaires sur le marché, ce qui n’est pas possible dans le cadre du capital-investissement.
Les - :
• l’absence de large couverture d’analyse financière. Au mieux le SPAC n’est généralement suivi que par un bureau de recherche ;
• le risque de surpayer la cible. Le SPAC ayant un délai pour réaliser son investissement, il arrive parfois qu’il acquière sa cible à un prix surévalué ;
• la potentielle absence de cible à acquérir dans le délai, qui entraîne la liquidation du SPAC et le remboursement des investisseurs ;
• le cours des actions du SPAC peut fluctuer, de sorte qu’un investisseur pourrait ne pas percevoir les sommes investies en cas de liquidation, si aucune acquisition n’est faite et le SPAC liquidé.
Quelques SPACs français :
Après un succès phénoménal en 2021, notamment aux USA, où plus de 160 milliards de dollars ont été levés, 2022 a affiché de mauvaises performances boursières et un nombre important de liquidation faute de projet d’acquisition validés dans les délais, réduisant l’intérêt des investisseurs pour les SPACs.
Ils pourraient retrouver leur attrait à condition de redonner confiance aux investisseurs en :
• réalisant leur IPO sur une valorisation cohérente avec leur projet ;
• identifiant plus en amont les potentielles cibles à acquérir ; et
• en payant cette/ces cibles au juste prix…