La French Tech, traditionnellement décrite comme un écosystème dynamique et en pleine croissance, traverse aujourd’hui une phase délicate. Le financement en amorçage, autrefois moteur essentiel pour l’émergence de nouvelles pépites, montre des signes d’essoufflement. Si l’IA et quelques secteurs de niche continuent d’attirer les capitaux, les investisseurs, eux, semblent devenus plus sélectifs, prudents, voire frileux.
Dans un article paru dans Les Echos du 21 octobre 2024 à retrouver ici : French Tech : ralentissement du financement en amorçage | Les Echos, il est fait état des arbitrages que doivent effectuer de plus en plus de fonds de capital-risque, notamment en early stage, entre :
- Injecter de capitaux complémentaires dans leurs participations existantes ; ou
- Financer de nouveaux projets.
Ce dilemme résulte, dans un premier temps, de l’augmentation de la durée nécessaire pour que les fonds finalisent leurs levées mais également d’une pénurie de projets véritablement innovants dans des secteurs clés tels que le logiciel.
Les investisseurs peinent à trouver des dossiers suffisamment attrayants justifiant des valorisations élevées, à l’exception notable des initiatives en IA. Ainsi, certains projets ont su fédérer des investisseurs pour obtenir des millions d’euros de financement, signe que les projets de qualité continuent d’attirer l’intérêt, mais qu’ils se raréfient.
Ce ralentissement du financement impacte directement la dynamique entrepreneuriale en France. Il y a encore quelques années, des entrepreneurs pouvaient lever facilement plusieurs millions d’euros sur des promesses souvent portées par un simple slideshow. Aujourd’hui, cette époque paraît révolue, la surabondance de capitaux post-Covid ayant laissé place à un besoin de rigueur et de performances tangibles.
Les exigences des fonds ont été relevées, souvent en réponse à des investissements passés ayant failli à tenir leurs engagements. Fini l’époque où l’argent coulait à flots sur la base d’un business plan non rentable à long terme ! Désormais les investisseurs se sont remis à faire ce pour quoi ils sont excellents : analyser, comparer, évaluer leur couple risques/gains et déterminer s’ils vont investir ou pas dans un projet.
Ce pivot, retour naturel à ce qui a fait certaines des plus belles réussites de l’écosystème entrepreneurial français reflète les tensions croissantes induites par un modèle de financement essentiellement basé sur la dette et la faible rentabilité de nombreuses start-up.
Une voie alternative existe pour les start-up en quête de capitaux et chez Euroland Corporate nous en sommes un des fervents défenseurs : l’introduction en bourse.
Alors que les financements privés deviennent plus exigeants, l’introduction en bourse, notamment sur des plateformes telles qu’Euronext Growth, représente une option de plus en plus attractive pour de nombreuses jeunes entreprises. On l’a vu notamment avec le projet d’IPO de la société LightOn annoncé il y a une semaine.
Cette solution permet non seulement de lever des fonds auprès du public, mais aussi d’accroître leur visibilité, d’attirer de nouveaux investisseurs et de diversifier leurs sources de financement. Pour les entreprises ayant atteint une taille critique et un niveau de maturité suffisant, le marché boursier peut offrir une issue viable pour pallier la diminution des financements privés.
Tout est question d’adéquation : comme nous l’avons souligné à plusieurs reprises dans nos Questions Corporate, il est essentiel d’adapter la levée de fonds et la valorisation proposée lors de l’IPO pour garantir un véritable partage de la valeur avec les investisseurs. Cela constitue une des clefs du succès pour toute introduction en bourse.
Le constat est finalement sans appel : en période de vaches maigres seuls les dossiers les plus solides, même risqués, continueront à attirer des financements et la course aux dossiers « quoi qu’il en coûte » laissera sur le bas-côté les entreprises les moins prometteuses ou les moins ambitieuses.