Paris, 4ème place financière : un succès à relativiser ?

Thomas Hornus, Associé chez EuroLand Corporate
4 février 2025

Paris a été classée 4ème place financière la plus attractive au monde, selon Ofex (voir à ce sujet Places financières mondiales : Paris grimpe dans le classement | Les Echos), derrière New York, Chicago et Londres. Cette montée en puissance est portée par la croissance des actifs bancaires et le dynamisme du marché des obligations vertes. Un résultat qui pourrait réjouir les acteurs des marchés financiers français. Mais cette attractivité bénéficie-t-elle à toutes les entreprises cotées en France, notamment aux PME et TPE ?

Derrière le classement, quels moteurs de croissance ?

Le classement Ofex repose sur une méthodologie rigoureuse, mesurant des indicateurs regroupés en quatre grandes catégories : environnement financier, capital humain, infrastructures et cadre de travail. Paris a progressé grâce à l'essor de son secteur bancaire et à la forte croissance des obligations ESG, renforçant ainsi son positionnement en tant que place de référence pour la finance durable.

Cette dynamique repose néanmoins largement sur des flux de capitaux institutionnels et des tendances d'investissement globales. Pour les grandes entreprises et les émetteurs de dette, Paris est effectivement une place attractive, mais l'est-elle autant pour les petites et moyennes entreprises qui constituent le tissu économique français ?

Les PME-TPE, laissées sur le bas-côté ?

Si les grandes capitalisations bénéficient d'un environnement favorable à Paris, il est légitime de s'interroger sur la situation des PME et TPE cotées. L'attractivité d'une place financière ne se mesure pas uniquement à sa capacité à attirer des capitaux internationaux, mais aussi à son aptitude à financer l'économie réelle, notamment les entreprises de taille intermédiaire.

Or, le marché des small caps françaises peine à attirer les investisseurs. Les liquidités sont concentrées sur les grandes valeurs du CAC 40 et les indices ESG, tandis que les PME et TPE cotées sur Euronext Growth ou Euronext Access souffrent d'un manque de visibilité et de volume d'échanges. 

La prudence des investisseurs particuliers, accentuée par des régulations contraignantes et des contraintes de liquidité, a rendu plus difficile l'accès aux financements boursiers pour ces entreprises.

Une attractivité à double vitesse

Le décalage entre la montée en puissance de Paris dans le classement des places financières et la réalité du marché des PME pose question. Peut-on vraiment parler d'attractivité financière lorsque certaines entreprises françaises ont plus de difficultés à lever des fonds en France qu'à l'étranger ? De nombreux entrepreneurs français choisissent de se coter aux États-Unis ou au Royaume-Uni pour accéder à une base d'investisseurs plus large et mieux structurée pour les small caps.

Ce paradoxe souligne l'importance d'une réflexion plus large à mener sur les leviers à actionner pour que l'attractivité de Paris ne bénéficie pas uniquement aux grandes institutions financières et aux mastodontes du CAC 40, mais aussi aux entreprises en croissance qui ont besoin de capitaux pour se développer. 

L’attractivité de la place de Paris est indéniable, mais encore faut-il qu’elle bénéficie à l’ensemble de son écosystème boursier. L’enjeu n’est pas seulement de figurer en haut des classements, mais d’assurer un financement efficace pour toutes les entreprises, des géants du CAC 40 aux PME en quête de capitaux. 

Une politique de soutien à l'investissement en small caps, notamment via des incitations fiscales pour les investisseurs individuels et des aménagements réglementaires pour améliorer la liquidité de ces marchés, pourrait rééquilibrer cette dynamique.

Si la montée en puissance de Paris est une bonne nouvelle, elle ne doit pas masquer les défis structurels qui persistent. Attirer les flux de capitaux ne suffit pas ; encore faut-il qu’ils irriguent toute l’économie. 

Des premières dispositions significatives ont été mises en places notamment avec le Listing Act (voir à ce sujet la Question Corporate Comprendre le Listing Act et ses enjeux) ou encore la création d’un fonds de fonds CDC Croissance Sélection PME, doté d’une enveloppe significative de 500 millions d’euros à destination des PME-ETI (CDC fonds de fonds PME-ETI : un nouvel élan ?).

Ces initiatives qui vont dans le bon sens selon nous, restent néanmoins tributaires de décisions politiques qui pourraient fragiliser cet équilibre. La hausse de la TTF (Taxe sur les Transactions Financières) envisagée actuellement par le Parlement français, risquant d’entraver la liquidité du marché et d’éloigner davantage les investisseurs des PME, illustre bien cette contradiction : comment prétendre accompagner l’attractivité de la place tout en rendant les échanges plus coûteux pour les investisseurs ?

Il va falloir faire un choix…

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