GAFAM : la France frappe, l’Europe s’organise, les lignes bougent

Par le bureau d'analyse d'EuroLand Corporate
9 avril 2025

Dans le paysage numérique mondialisé, les lignes de faille entre puissances s’accentuent. Tandis que les géants américains du numérique – Apple, Google, Meta et consorts – poursuivent leur domination sur les marchés européens, les autorités françaises multiplient les offensives. Au nom de la concurrence, de la souveraineté et d’un certain modèle de société.

Paris hausse le ton

Fin mars, l’Autorité de la concurrence française a sanctionné Apple à hauteur de 150 millions d’euros, reprochant à son dispositif App Tracking Transparency (ATT) de fausser les règles du jeu publicitaire mobile. En contraignant les applications tierces à obtenir le consentement explicite des utilisateurs, tout en continuant à exploiter ses propres données sans les mêmes garde-fous, le groupe à la pomme aurait abusé de sa position dominante. Une première en Europe.

Quelques mois plus tôt, Google avait déjà écopé d’une amende record de 250 millions d’euros, accusé d’avoir utilisé des contenus de presse pour entraîner ses modèles d’intelligence artificielle sans informer ni indemniser les éditeurs concernés. Ce manquement s’ajoute à des engagements non tenus sur les droits voisins, alimentant un climat de méfiance généralisée.

La presse contre-attaque

Face à ces dérives, les éditeurs français passent à l’offensive judiciaire. Le Monde, Le Figaro, l’AFP, mais aussi des syndicats de presse, ont engagé des actions contre X (ex-Twitter), LinkedIn ou encore Microsoft, pour non-respect des droits voisins. Objectif : rétablir un rapport de force et imposer une juste rémunération à l’ère de l’IA générative, où les contenus rédactionnels alimentent gratuitement des modèles de plus en plus puissants.

Une souveraineté numérique à géométrie variable

Ces tensions ne sont pas qu’économiques : elles s’inscrivent dans une guerre d’influence numérique de plus en plus vive, notamment vis-à-vis de la Chine. Mais contrairement à ce que suggère parfois le discours occidental, les États-Unis et l’Union européenne n’avancent pas à l’unisson.

Washington privilégie une logique sécuritaire, en témoigne le projet de rachat forcé de TikTok US pour couper tout lien avec la maison mère chinoise ByteDance.

Bruxelles, elle, opte pour une approche normative : RGPD, DSA, DMA, autant de cadres législatifs visant à contraindre les géants à plus de transparence, d’équité, et de responsabilité.

Ce décalage stratégique reflète deux visions du numérique : l’une centrée sur le contrôle, l’autre sur la régulation.

La France, souvent en éclaireur en matière de régulation, espère entraîner ses voisins européens dans une dynamique plus offensive. Mais les GAFAM, bien implantés, disposent encore d’un pouvoir économique et technologique sans équivalent. L’enjeu, désormais, est de construire une souveraineté numérique crédible, capable de concilier innovation, indépendance et équilibre démocratique.

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