Dans l’économie moderne, les réseaux d’information ne sont plus de simples canaux de transmission. Ils regroupent l’ensemble des flux de données numériques, des interactions sur les plateformes sociales aux transactions financières en temps réel, en passant par les infrastructures de communication globale. Ces réseaux constituent désormais des architectures invisibles mais essentielles, qui façonnent le pouvoir, influencent les comportements et redessinent les frontières entre influence et vulnérabilité.

Omniprésents et complexes, ils permettent aux entreprises de collecter, analyser et diffuser des informations à une échelle sans précédent. Ce maillage global offre une chance unique de comprendre les dynamiques des marchés, d’anticiper les évolutions et d’interagir directement avec des publics diversifiés. Mais leur force est aussi leur faiblesse : accélérateurs de succès, ils peuvent tout autant devenir des vecteurs de manipulation, des amplificateurs de désinformation ou des cibles pour des cyberattaques.

Comment, dans cet environnement hyperconnecté, tirer profit de ces outils tout en évitant leurs pièges ?

1. Les réseaux : une infrastructure stratégique sans égale

Les réseaux d’information modernes permettent aux entreprises d’être à la fois omniscientes et omniprésentes. Ils capturent les flux d’informations en temps réel et traduisent des données brutes en opportunités stratégiques. Qu’il s’agisse de capter des signaux faibles annonçant un basculement des habitudes de consommation ou d’interpréter les inflexions des politiques publiques, ces outils deviennent un prolongement naturel de la réflexion stratégique des entreprises.

Prenons le cas des plateformes d’e-commerce. Ces entreprises analysent en temps réel les comportements d’achat de leurs clients et adaptent leur offre en conséquence presque instantanément. Le résultat : des marges optimisées et une fidélité accrue. Mais les réseaux ne servent pas uniquement à collecter des données. Ils sont aussi des vitrines, des mégaphones qui amplifient l’image publique des entreprises.

Un discours bien calibré sur des sujets tels que l’innovation, la durabilité ou l’impact social peut transformer une entreprise en modèle de responsabilité. Ce n’est pas un hasard si des groupes mondiaux consacrent des ressources considérables à façonner leur récit. Dans un monde saturé d’informations, se démarquer n’est pas seulement un avantage : c’est une condition de survie.

Mais attention : cet outil puissant exige une gestion irréprochable. Mal maîtrisés, ces réseaux peuvent se transformer en véritables chausse-trappes…

2. Les failles d’un système hypertrophié

Si les réseaux d’information offrent de formidables opportunités, ils exposent également les entreprises à des dangers systémiques. Leurs forces sont aussi leurs faiblesses : leur rapidité, leur viralité, leur capacité à tout connecter. Ces qualités font des réseaux des terrains fertiles pour la désinformation.

Fake news et crises instantanées

Une rumeur soigneusement orchestrée, relayée par des algorithmes qui favorisent l’engagement, peut transformer une brèche en un gouffre. Ainsi, en novembre 2016, le groupe Vinci a été victime d'un faux communiqué annonçant une révision de ses comptes consolidés et le licenciement de son directeur financier. Cette « fake news » a entraîné une chute brutale du cours de l'action, perdant jusqu’à 18 % de sa valeur en quelques minutes, soit une baisse temporaire de près de 6 milliards d’euros de capitalisation boursière. Bien que Vinci a rapidement démenti ces informations, l’incident met en évidence la vulnérabilité des entreprises face à de telles manipulations.

La fragmentation des publics

Les réseaux amplifient une problématique majeure : la fragmentation des audiences. Là où les médias traditionnels véhiculaient une narration unifiée, les plateformes numériques éclatent les publics en segments distincts. Une entreprise peut ainsi séduire un groupe tout en s’aliénant un autre, générant incompréhensions et réactions contradictoires.

La récente mésaventure de Jaguar illustre parfaitement ce phénomène. En novembre 2024, la marque a lancé une refonte radicale de son identité, dévoilant un logo minimaliste et le slogan provocateur « Copy Nothing ». Destinée à moderniser son image et attirer une clientèle plus jeune, cette transformation a suscité un tollé parmi ses clients traditionnels. Certains ont qualifié la démarche de "trahison", tandis qu’Elon Musk, sur X (anciennement Twitter), a moqué la marque avec un commentaire cinglant : « Do you sell cars? » (« Vendez-vous des voitures ? »). Ce repositionnement, perçu par certains comme audacieux et par d’autres comme déconnecté, a mis en lumière les risques d’une communication mal alignée dans un écosystème où chaque audience interprète un message différemment.

Cyberattaques et déstabilisation

Les réseaux sont également des cibles privilégiées pour les cyberattaques. Les hackers exploitent leur porosité pour infiltrer des systèmes critiques ou diffuser de fausses informations, transformant les entreprises en champs de bataille numériques, souvent à leur insu.

3. Maîtriser l’immatériel : une nouvelle gouvernance des réseaux

Dans un environnement où l’information circule à une vitesse fulgurante, les entreprises doivent évoluer d’une approche réactive à une gouvernance proactive des réseaux d’information. Ces derniers, aussi critiques que la gestion financière ou la cybersécurité, représentent un levier stratégique incontournable.

Transparence et cohérence : premiers remparts contre les crises

La transparence est le premier rempart contre la désinformation. Une communication régulière, claire et cohérente permet de désamorcer les rumeurs avant qu’elles ne prennent de l’ampleur. Mais cette transparence ne suffit pas : elle doit être accompagnée d’une veille stratégique capable de détecter rapidement les signaux faibles et d’anticiper les crises potentielles.

Dans une de nos dernières question Corporate, nous avions analysé comment les réseaux sociaux peuvent influencer les marchés financiers et amplifier des dynamiques imprévues. Les plateformes, en raison de leur viralité, transforment des messages isolés en phénomènes de grande ampleur. Une veille stratégique sur ces canaux devient donc essentielle pour préserver la crédibilité des entreprises et limiter les effets négatifs.

Renforcer la résilience face aux perturbations numériques

La résilience face aux cyber-risques passe par des systèmes de protection robustes et une diversification des canaux d’information. Ne pas dépendre d’un nombre limité de plateformes réduit les risques de manipulation ou de coupure.

Éthique et responsabilité : des piliers incontournables

Enfin, une gouvernance efficace des réseaux d’information repose sur une éthique rigoureuse. Les entreprises doivent non seulement éviter de contribuer à la désinformation, mais aussi jouer un rôle actif en diffusant des informations fiables et vérifiées.

Dans un contexte où la confiance des investisseurs et des parties prenantes est précieuse, une gestion éthique de l’information devient un avantage compétitif. Une réputation ternie par une gestion douteuse des crises peut entraîner des répercussions durables, comme nous l’avions déjà illustré dans notre précédente publication.

Les réseaux : une nouvelle frontière à conquérir

Les réseaux d’information sont devenus bien plus qu’un outil : ils sont une extension de l’entreprise, un miroir de ses forces et de ses faiblesses. Maîtrisés, ils propulsent la stratégie et amplifient la réputation. Mal gérés, ils ouvrent la porte aux crises, parfois dévastatrices.

Les entreprises doivent apprendre à naviguer dans ces architectures complexes, en alliant technicité, transparence et responsabilité. La capacité à maîtriser ces réseaux n’est pas seulement un avantage compétitif : c’est une nécessité pour prospérer dans un monde où l’information est à la fois un bien précieux et une menace constante.

Dans une intéressante étude sur les décrochages boursiers datant du 14 novembre 2024, l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) met en lumière des variations exceptionnelles enregistrées sur certaines valeurs du CAC40 en 2023, comme celles d’Alstom (-37,6 % sur la seule journée du 5 octobre 2023) et Worldline (-59,2 % le 25 octobre 2023). Ces événements, bien que finalement assez rares, révèlent des phénomènes récurrents et préoccupants pour les entreprises cotées.

L’analyse de l’AMF met ainsi en évidence plusieurs caractéristiques clés de ces décrochages boursiers qui méritent l’attention des émetteurs.

Un lien évident entre publication et décrochage

Dans un premier temps, l’AMF identifie les publications de résultats comme la principale cause des décrochages boursiers, représentant 59 % des événements extrêmes observés entre 2013 et 2023. En 2023, la quasi-totalité des 10 plus mauvaises variations boursières a été directement liée à des annonces financières.

Pour les sociétés cotées, cela signifie que chaque annonce doit être méticuleusement préparée, avec une attention particulière portée à la gestion des attentes des investisseurs.

Par ailleurs, les variations à la baisse sont souvent accompagnées par une absence de réversion des prix dans les jours qui suivent, contrairement à des phases de correction antérieures où les cours rebondissaient progressivement après un choc initial. Ainsi, la moyenne des dix pires variations annuelles du CAC40 depuis 2018 indique que les prix ne se redressent pas au-delà de J+10 après l’événement, traduisant une correction durable des valorisations par le marché. Cette observation souligne l’importance pour les sociétés cotées d’anticiper l’impact à long terme de la divulgation de « mauvaises nouvelles ».

Une coordination entre les départements financiers et de communication de l’émetteur devient essentielle pour s’assurer que les messages stratégiques atténuent les impacts potentiels de nouvelles moins favorables. Le rapport cite notamment Alstom qui a connu deux décrochages successifs en 2023, illustrant l’importance de clarifier les implications de mesures mises en œuvre par l’émetteur (comme une augmentation de capital) et de rassurer le marché sur les perspectives à moyen terme de l’entreprise.

Quelle réaction des investisseurs selon leur typologie ?

Un autre enseignement majeur du rapport de l’AMF concerne la réaction des investisseurs face aux décrochages en fonction de leur typologie.

Les sociétés de gestion jouent un rôle clé dans la persistance des baisses, adoptant des positions nettes vendeuses significatives dès le 1er jour des chocs et poursuivant cette tendance au moins sur les 15 jours suivants.

À l’inverse, les investisseurs particuliers, bien que minoritaires, sont souvent les premiers à renforcer leurs positions à l’achat lors des décrochages. Ces dynamiques complexes mettent en évidence la nécessité d’un dialogue proactif avec les différentes catégories d’investisseurs pour anticiper leurs réactions et ajuster les stratégies de communication.

Le short selling et son impact

Bien que les positions courtes nettes (« short selling ») n’ont pas été identifiées par l’AMF comme une des causes essentielles des décrochages, leur renforcement post-choc contribue à la persistance des baisses, traduisant la défiance prolongée de certains investisseurs. L’analyse de l’AMF souligne que ces positions ont tendance à augmenter jusqu’à 2 % du capital en moyenne dans les 40 jours suivant un décrochage. Dans cette optique, les entreprises doivent surveiller attentivement l’évolution de ces positions et ajuster leurs stratégies de communication pour rétablir la confiance.

Des valorisations trop élevées ?

Un facteur sous-jacent aux décrochages réside également dans les niveaux historiquement élevés de valorisation. En 2023, les ratios cours/bénéfices des entreprises françaises atteignaient des sommets, augmentant la sensibilité du marché aux « mauvaises nouvelles ». Cette réalité s’accompagne d’une polarisation croissante des indices, où un petit groupe de valeurs dominantes, comme les "Granolas" en Europe (Gsk, Roche, Asml, Nestlé, Novartis, Novo Nordisk, L’Oréal, Lvmh, Astrazeneca, Sap et Sanofi), capte une part disproportionnée des gains, laissant d’autres titres plus vulnérables et soumis aux corrections sévères.

Depuis plusieurs années, le marché des petites et moyennes valeurs cotées traverse une période de grande fragilité. Afin de surmonter pour partie à cet écueil, CDC Croissance, filiale de la Caisse des Dépôts spécialisée dans les PME et ETI cotées, a annoncé, le 14 novembre dernier, le lancement du fonds de fonds CDC Croissance Sélection PME, doté d’une enveloppe significative de 500 millions d’euros. Cette initiative marque une volonté forte de redynamiser ce segment de cotation.

Un contexte préoccupant pour les small caps

Le marché des PME-ETI cotées est confronté à des défis structurels majeurs. Depuis cinq ans, les fonds spécialisés sur cette classe d’actifs ont enregistré une décollecte record de 8 milliards d’euros, conséquence de régulations contraignantes et de l’impact de la hausse des taux sur les valorisations. Cette situation a réduit la liquidité et freiné l’activité boursière, avec davantage de sorties de cote que d’entrées en bourse en France depuis 2022.

Un fonds de fonds pour recréer un cercle vertueux 

Le fonds CDC Croissance Sélection PME se donne pour mission de stimuler un regain de flux d’investissement vers ce segment. L'objectif est clair : restaurer l’attractivité des PME-ETI cotées auprès des investisseurs institutionnels français et internationaux. Ce fonds sera déployé progressivement entre la fin de 2024 et l’année 2025 et vise à investir dans environ 25 fonds spécialisés, choisis selon des critères rigoureux tels que :

Au total, le fonds ambitionne une exposition indirecte aux PME-ETI cotées françaises de 60 à 80%, tout en favorisant des investissements responsables alignés avec les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance).

Un retour attendu des indices small caps ? 

Ce projet s’inscrit dans la continuité des actions menées par la Caisse des Dépôts pour le financement des PME-ETI. Il fait notamment écho au lancement des fonds Nova en 2012. Ces fonds avaient mobilisé 161,5 millions d’euros pour investir dans des PME et ETI françaises, à une époque où ce marché connaissait également une fragilité notable. Ce pari s’était avéré fructueux, avec une reprise rapide des indices small caps, renforçant la crédibilité des entreprises auprès des investisseurs.

Les limites du cadre actuel: un frein au développement

Si cette initiative permet de réallouer une partie des flux vers les Small et Midcaps, ces fonds ne seront pas suffisants pour inverser la tendance et il devront être accompagner d’une remontée des indices Small pour pouvoir espérer retrouver une forte collecte positive. Par ailleurs, en ne précisant pas la taille de capitalisation maximale sur l’allocation de ces fonds, on pourrait craindre une concentration des investissements vers les sociétés les plus liquides, suivant les nouveaux critères d’éligibilité du PEA PME (capitalisation boursière maximale de 2 Mds d’euros).

Le lancement de ce fonds de fonds est une étape clé pour restaurer la confiance des investisseurs et redynamiser un segment de marché indispensable à l’économie française. Mais pour que cette initiative ait un impact durable, une mobilisation de tous les acteurs sera nécessaire. La réussite de ce projet pourrait alors marquer un tournant, comme ce fut le cas avec les fonds Nova.

Il fut un temps, pas si lointain, où la France s’affichait fièrement comme l’égérie des investisseurs étrangers. À grands renforts de tapis rouges et de discours savamment orchestrés, le sommet Choose France offrait chaque année son défilé de chefs d’entreprise internationaux dans le cadre fastueux de Versailles. Mais aujourd’hui ses atouts indéniables semblent menacés.

Avec la publication du dernier baromètre EY le 18 novembre 2024, qui arrive six mois après une dissolution surprise de l’Assemblée nationale, une question s’impose : la France est-elle encore à la hauteur de ses promesses, ou son attrait commence-t-il à s’effriter ?

Choose France : vitrine dorée d’une attractivité à la peine ?

Depuis son lancement en 2018 à l’initiative d’Emmanuel Macron, Choose France est devenu le point d’orgue annuel du "soft power" économique français. L’édition 2024, qui s’est tenue en début d’année, n’a pas dérogé à la règle : 56 projets15 milliards d’euros d’investissements annoncés, et la promesse de 10 000 emplois créés. Si ces chiffres font encore rêver, le dernier baromètre EY vient rappeler que l’attractivité française n’est pas une évidence gravée dans le marbre.

Le contexte n’aide pas : la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 a plongé le pays dans une incertitude politique qui refroidit les ardeurs des investisseurs. Résultat ? 50 % des dirigeants internationaux interrogés par EY estiment que l’attractivité de la France s’est détériorée, et près de la moitié ont mis leurs projets d’investissement sur pause. Un coup dur pour notre pays, qui a fait de l’attractivité un des piliers de sa politique depuis sept ans.

Un diagnostic sans concession

L’analyse des investisseurs est sans appel. Pour eux, trois points noirs majeurs viennent ternir l’attractivité de la France :     

1/ L’instabilité législative et réglementaire

Avec 59 % des dirigeants étrangers citant l’incertitude législative comme leur principale inquiétude, le constat est sans appel. L’Assemblée nationale, sans majorité claire – une première sous la Vème République – est fragmentée en trois blocs irréconciliables. L’équilibre précaire actuel suppose une abstention du Rassemblement National dans les motions de censure, mais cette posture montre des signes de fragilité. La forte probabilité d’un recours au 49.3 pour faire adopter le Projet de Loi de Finances 2025, une fois finalisé par le Sénat et la Commission Mixte Paritaire, accentue cette perception d’instabilité.

2/ Le ralentissement des réformes

Allant de pair avec l’instabilité politique, le ralentissement des réformes est perçu comme un autre signal d'alarme. Près de 47 % des investisseurs interrogés dénoncent l'absence de nouvelles réformes ambitieuses, pourtant nécessaires pour maintenir le cap économique. Les efforts passés – comme la baisse de l’impôt sur les sociétés ou la simplification fiscale – semblent aujourd’hui au point mort. Les réformes clés sur le chômage, la fonction publique ou la transition écologique restent en suspens, tandis que la réindustrialisation et les lois sur l’industrie verte peinent à décoller dans un climat de désaccords politiques.

3/ Les tensions fiscales et budgétaires

Entre les 40 milliards d’économies annoncées et le spectre de hausses d’impôts, la France peine à rassurer les investisseurs. L’incertitude fiscale, exacerbée par le coût du travail élevé, complique leur capacité à se projeter. Les interrogations sur l’avenir de dispositifs essentiels comme le Crédit d’Impôt Recherche (CIR) ou le pacte Dutreil renforcent ce climat de défiance.

Source : Baromètre EY de l’Attractivité de la France 2024 : enquête auprès de 98 dirigeants internationaux (3-21 octobre 2024)

Les cinq piliers du salut

Pour autant, tout n’est pas perdu. Selon EY, 57 % des dirigeants croient encore en la capacité de la France à redresser son attractivité, mais à une condition : respecter cinq priorités clairement identifiées.

1/ Ne pas toucher aux totems fiscaux

Le Crédit Impôt Recherche (CIR), le taux d’impôt sur les sociétés à 25 %, et les allègements de charges sont les piliers de l’attractivité française. Selon EY, ces dispositifs doivent rester intouchables, leur remise en cause pouvant fragiliser l’ensemble du modèle économique.

2/ Réduire les dépenses publique

Les investisseurs souhaitent une gestion stricte des budgets, associant l’État, les collectivités locales et les opérateurs publics, pour rationaliser les dépenses sans compromettre la croissance ni l’innovation.

3/ Réindustrialiser avec sérieux

La réindustrialisation passe par des réformes comme le Projet de Loi de Simplification et le Projet de Loi Industrie Verte II, pour simplifier les démarches et accélérer la transition écologique. Le rapport Draghi de juillet 2023 souligne la nécessité de mettre en place une stratégie industrielle européenne coordonnée, essentielle pour garantir la souveraineté et renforcer les chaînes de valeur. Appliquer ses recommandations est clé pour inscrire la France dans cette dynamique, tout en rassurant sur le plan France 2030 pour soutenir les filières stratégiques.

4/ Clarifier et simplifier la transition énergétique 

Seuls 12 % des dirigeants interrogés voient la politique climatique française comme un atout distinctif. Pour renforcer la décarbonation industrielle et améliorer sa perception par les investisseurs, il est recommandé de :

5/ Miser sur l’innovation et le capital humain

Les investisseurs appellent à accompagner les PME et ETI dans la modernisation de leurs outils numériques tout en renforçant la formation pour répondre aux besoins technologiques des entreprises.

Le défi des tensions internationales

Dans un monde où les puissances s’affrontent sur le terrain économique, la France semble hésiter entre engagement et isolement. Les récentes élections aux États-Unis, marquées par la victoire de Donald Trump, ont ravivé les craintes d’un retour à une ère de protectionnisme. Bien qu’il ne soit pas encore en fonction, son programme laisse présager un durcissement des relations commerciales avec la Chine et l’Europe, accentuant les incertitudes pour les acteurs économiques mondiaux. La question n’est pas de savoir si Trump agira, mais quand et avec quelle intensité.

De l’autre côté du Rhin, l’Allemagne, pourtant moteur économique de l’Europe, montre des signes de fébrilité. La rupture de l’alliance politique entre les Verts et les Libéraux a précipité des élections anticipées, plongeant Berlin dans une période d’instabilité politique. Mais l’enjeu dépasse la seule politique intérieure : son industrie, fortement dépendante des exportations, reste étroitement liée à la Chine. Cette dépendance rend l’Allemagne particulièrement vulnérable, l’obligeant à des compromis souvent en décalage avec les intérêts européens. Lorsque BASF investit massivement en Chine ou que Volkswagen fait de Pékin un pilier stratégique, ce n’est pas pour protéger la souveraineté industrielle de l’Europe, mais bien pour préserver les marges germaniques à court terme.

Et que fait la France ? Sur la scène mondiale, elle adopte une position singulière qui pourrait accentuer son isolement. Prenons l’exemple de l’accord de libre-échange avec le MERCOSUR : alors que ce pacte offrirait un accès privilégié à un marché de plus de 280 millions de consommateurs en Amérique latine, Paris s’y oppose fermement, invoquant des préoccupations environnementales et sanitaires. Une posture qui semble davantage motivée par des considérations politiques que purement économiques.

À l’heure où les États-Unis concluent des accords bilatéraux avec plusieurs pays de la région et où la Chine renforce sa présence économique en Amérique latine, cet accord pourrait permettre à l’Europe d’affirmer son influence. Il offrirait également un cadre pour exporter des normes européennes en matière de qualité, de sécurité et d’environnement tout en ouvrant de nouvelles opportunités pour certains secteurs stratégiques.

Dans un contexte où l’Europe peine à se coordonner et où les grandes puissances avancent leurs pions, la France peut-elle encore se permettre d’être une voix dissonante ? Chaque décision prise dans une logique strictement nationale risque d’accentuer son isolement, alors que le monde, lui, avance.

Une France à la croisée des chemins

Le baromètre EY le souligne : la France conserve des atouts indéniables, mais son attractivité est fragile. Pour rester une destination de choix pour les investisseurs, elle devra démontrer qu’elle est capable de surmonter ses incertitudes politiques et économiques tout en répondant aux grandes attentes en matière de compétitivité, de réindustrialisation et de transition écologique. Le défi est immense, mais le potentiel est là. À elle de transformer ses promesses en réalité.

Alors qu’avec la remontée des taux d’intérêt, l’écosystème des start-ups françaises fait face à des difficultés de financement (cf. notre Question Corporate du 29 octobre 2024), l’actualité récente vient d’ajouter à ce contexte, déjà peu favorable, un nouvel écueil : avec le projet de loi de finances (PLF) 2025, les jeunes entreprises innovantes voient se réduire l’un de leurs atouts majeurs de fidélisation des talents, les BSPCE (cf. l'article des Echos du 8 novembre 2024). Ce dispositif fiscal, pourtant déterminant pour le dynamisme de la scène entrepreneuriale française, va perdre une partie de son avantage concurrentiel.

Les BSPCE : un acte d’investissement

Pour comprendre les enjeux de cette réforme, rappelons que les Bons de Souscription de Parts de Créateur d’Entreprise (BSPCE) sont bien plus qu’un simple bonus. Ils offrent aux salariés, dirigeants et mandataires sociaux l’opportunité de souscrire au capital de l’entreprise à un prix réduit, avec un potentiel de gain à la revente. Contrairement aux actions gratuites ou aux stock-options classiques, les BSPCE impliquent un véritable risque entrepreneurial. C’est un pari sur la réussite de l’entreprise, en contrepartie d’une rémunération de base souvent inférieure au marché.

Une réforme qui modifie la règle du jeu

Avec l’article 25 du projet de loi de finances, cette dynamique est remise en question. Le dispositif législatif supprime en partie le sursis d’imposition sur les BSPCE lors des opérations d’apport-cession, ce qui change significativement l’intérêt du dispositif. Avant, lors d’un rachat d’entreprise, les salariés pouvaient échanger leurs BSPCE pour des titres de la société acquéreuse sans payer d’impôt immédiatement. Cette règle permettait aux start-ups de maintenir l’engagement des collaborateurs sans leur imposer une charge fiscale insoutenable.

Désormais, les gains d'exercice seront imposés au moment même de l’apport des titres à la nouvelle structure. Seuls les gains de cession (qui interviennent si les titres continuent de prendre de la valeur après l’exercice des BSPCE) bénéficieraient d’un report d’imposition. En d’autres termes, les collaborateurs devront s’acquitter d’un impôt bien avant de percevoir les fruits de leur investissement.

L'impact de cette réforme, invalidant une décision du Conseil d’État de février 2024, qui affirmait l’éligibilité au sursis d’imposition des BSPCE lors d’apport-cession, rompt avec plus de vingt ans de jurisprudence fiscales.

Une mesure handicapante pour l’écosystème des start-ups

Cette modification pourrait affecter la motivation des talents, et le coût fiscal inattendu pourrait peser lourdement sur eux. Tous les bénéficiaires de BSPCE ne disposent pas des ressources financières nécessaires pour payer une telle charge sans vendre toute ou partie de leurs parts. 

Une telle situation créerait une inégalité parmi les salariés, où seuls les plus aisés pourraient maintenir leur participation au capital en cas de rachat, accentuant ainsi la fracture sociale dans l’entreprise reposant sur la collaboration et l’engagement des équipes.

Elle aurait également un impact direct sur la situation des salariés en fonction de leur anciennement entre salariés, l’imposition des plus récemment entrés dans la société pouvant atteindre 47,2% (en cas d’attribution des bons depuis moins de 3 ans), contre 30% pour ceux ayant déjà cumulé quelques années de présence, au risque de freiner l'innovation et la croissance en dissuadant les talents de rester dans l’entreprise.

Un impact potentiel pour les repreneurs et l’investissement en France

Du côté des acquéreurs, cette mesure ajoute une complication de taille. Les BSPCE pouvant représenter parfois un pourcentage significatif du capital des start-ups. En demandant aux porteurs de liquider une partie de leurs titres pour s’acquitter de leur impôt, ce capital serait perdu pour le repreneur qui devrait ainsi apporter davantage de liquidités à l’entreprise rendant ces transactions plus onéreuses, dissuadant les investisseurs potentiels et réduisant la compétitivité des start-ups françaises face à leurs homologues étrangers.

Une lueur d’espoir ?

Bien que cette proposition d’article a été adoptée le 8 novembre 2024, certains ajustements ont été envisagés, notamment pour les titres inscrits dans un PEA. Cette enveloppe fiscale offre un cadre protecteur, mais l’accès aux BSPCE dans un PEA est sujet à un assouplissement incertain. Un amendement leur permet de bénéficier des avantages fiscaux du PEA, mais uniquement pour les gains de cession, excluant les gains d’exercice.

Si ces proposition venaient à se confirmer dans leur intégralité, elles risqueraient de pénaliser le secteur des jeunes entreprises innovantes. Dans un contexte où l’attractivité de la France dépend en partie de sa capacité à soutenir l’innovation et à attirer des talents, ces changements pourraient ralentir la dynamique entrepreneuriale de notre économie.

Dans le contexte de tendance baissière que nous connaissons sur les marchés boursiers (-17,28% depuis le 1er janvier 2022 pour le CAC et -14,51% pour le CAC Mid & Small), l’OPRA (Offre Publique de Rachat de ses propres Actions par une société) pourrait bien être une réelle opportunité pour certains émetteurs d’Euronext et Euronext Growth.

De quoi s’agit-il ?

L'OPRA consiste pour une société cotée à racheter ses propres actions sur le marché, pendant une durée minimum de 20 jours de bourse, pour les annuler dans une proportion supérieure aux 10% du capital concernés par les programmes de rachat d’actions. Au travers de cette opération, l’émetteur agit donc directement sur son capital, réduisant ainsi le flottant de la société.

Conditions préalables au lancement d’une OPRA :

    Principales caractéristiques d’une OPRA:

    Des avantages non négligeables, principalement dans l’intérêt des actionnaires :

    L’OPRA peut également être une première étape vers la sortie de bourse avec pour objectif de racheter le flottant sans que les actionnaires aux commandes de la société n’apportent.

    Chez Euroland Corporate, nous considérons qu’une OPRA, réalisée dans de bonnes conditions et au bon moment, est une opération win-win : soit les actionnaires apportent à l’offre, empochant ainsi une plus-value par rapport au cours de bourse de référence et il y a relution des actionnaires « historiques », soit ils n’apportent pas et, généralement, le cours se réajuste au niveau de celui de l’OPRA.

    Si les OPRA ont été peu nombreuses depuis 2019, notamment suite aux effets cumulés de la pandémie de COVID-19 et de hausse des cours, la période de baisse généralisée des marchés que nous connaissons ces dernières semaines pourrait susciter des vocations, de nombreuses sociétés cotées ayant engrangés de la trésorerie suite à la sortie de crise.

    La French Tech, traditionnellement décrite comme un écosystème dynamique et en pleine croissance, traverse aujourd’hui une phase délicate. Le financement en amorçage, autrefois moteur essentiel pour l’émergence de nouvelles pépites, montre des signes d’essoufflement. Si l’IA et quelques secteurs de niche continuent d’attirer les capitaux, les investisseurs, eux, semblent devenus plus sélectifs, prudents, voire frileux.

    Dans un article paru dans Les Echos du 21 octobre 2024 à retrouver ici : French Tech : ralentissement du financement en amorçage | Les Echos, il est fait état des arbitrages que doivent effectuer de plus en plus de fonds de capital-risque, notamment en early stage, entre :

    Ce dilemme résulte, dans un premier temps, de l’augmentation de la durée nécessaire pour que les fonds finalisent leurs levées mais également d’une pénurie de projets véritablement innovants dans des secteurs clés tels que le logiciel.

    Les investisseurs peinent à trouver des dossiers suffisamment attrayants justifiant des valorisations élevées, à l’exception notable des initiatives en IA. Ainsi, certains projets ont su fédérer des investisseurs pour obtenir des millions d’euros de financement, signe que les projets de qualité continuent d’attirer l’intérêt, mais qu’ils se raréfient.

    Ce ralentissement du financement impacte directement la dynamique entrepreneuriale en France. Il y a encore quelques années, des entrepreneurs pouvaient lever facilement plusieurs millions d’euros sur des promesses souvent portées par un simple slideshow. Aujourd’hui, cette époque paraît révolue, la surabondance de capitaux post-Covid ayant laissé place à un besoin de rigueur et de performances tangibles. 

    Les exigences des fonds ont été relevées, souvent en réponse à des investissements passés ayant failli à tenir leurs engagements. Fini l’époque où l’argent coulait à flots sur la base d’un business plan non rentable à long terme ! Désormais les investisseurs se sont remis à faire ce pour quoi ils sont excellents : analyser, comparer, évaluer leur couple risques/gains et déterminer s’ils vont investir ou pas dans un projet.

    Ce pivot, retour naturel à ce qui a fait certaines des plus belles réussites de l’écosystème entrepreneurial français reflète les tensions croissantes induites par un modèle de financement essentiellement basé sur la dette et la faible rentabilité de nombreuses start-up. 

    Une voie alternative existe pour les start-up en quête de capitaux et chez Euroland Corporate nous en sommes un des fervents défenseurs : l’introduction en bourse.

    Alors que les financements privés deviennent plus exigeants, l’introduction en bourse, notamment sur des plateformes telles qu’Euronext Growth, représente une option de plus en plus attractive pour de nombreuses jeunes entreprises. On l’a vu notamment avec le projet d’IPO de la société LightOn annoncé il y a une semaine.

    Cette solution permet non seulement de lever des fonds auprès du public, mais aussi d’accroître leur visibilité, d’attirer de nouveaux investisseurs et de diversifier leurs sources de financement. Pour les entreprises ayant atteint une taille critique et un niveau de maturité suffisant, le marché boursier peut offrir une issue viable pour pallier la diminution des financements privés. 

    Tout est question d’adéquation : comme nous l’avons souligné à plusieurs reprises dans nos Questions Corporate, il est essentiel d’adapter la levée de fonds et la valorisation proposée lors de l’IPO pour garantir un véritable partage de la valeur avec les investisseurs. Cela constitue une des clefs du succès pour toute introduction en bourse.

    Le constat est finalement sans appel : en période de vaches maigres seuls les dossiers les plus solides, même risqués, continueront à attirer des financements et la course aux dossiers « quoi qu’il en coûte » laissera sur le bas-côté les entreprises les moins prometteuses ou les moins ambitieuses.

    Avec la montée en puissance des réseaux sociaux comme X (anciennement Twitter), LinkedIn, ou encore Meta, les informations financières des sociétés cotées et les déclarations de leurs dirigeants circulent désormais en temps réel à travers le monde, touchant ainsi des millions de personnes instantanément.

    Mais cette diffusion ultra-rapide n’est pas sans danger. Les réseaux sociaux, bien qu’indispensables à la communication moderne, peuvent avoir un impact direct et souvent imprévisible sur les cours de bourse.

    Les bonnes pratiques à adopter

    En France, certaines règles strictes encadrent l’utilisation des réseaux sociaux par les entreprises cotées. Voici un rappel des principales pratiques à suivre pour éviter les dérapages :

    Quand les réseaux sociaux influencent les marchés : un risque croissant

    Aux États-Unis, la SEC (Securities and Exchange Commission) autorise déjà la diffusion d’informations réglementées via les réseaux sociaux, ce qui pose de nouvelles questions sur l'impact potentiel de ces canaux. En France, bien que cette pratique soit encadrée, les risques persistent.

    Voici quelques-uns des principaux dangers identifiés :

    La responsabilité des dirigeants sur les réseaux

    Les dirigeants restent pleinement responsables de leurs prises de parole sur les réseaux sociaux, même lorsqu’ils s’expriment via leurs comptes personnels. Avec une audience potentiellement mondiale, chaque déclaration peut avoir des répercussions considérables sur le marché.

    Quant aux utilisateurs des réseaux sociaux, ils sont de plus en plus influencés par les avis d’autres internautes. Les opinions exprimées via un post ou un tweet peuvent rapidement influencer le jugement des investisseurs, brouillant leur indépendance décisionnelle au profit de la voix de la majorité ou d’une figure influente.

    Une vigilance accrue de la part des régulateurs

    En France, l’AMF (Autorité des marchés financiers) surveille de près l’usage des réseaux sociaux pour éviter toute dérive ou manipulation excessive des marchés. Si ces canaux sont aujourd’hui incontournables, il est essentiel de les utiliser avec discernement et précaution.

    Chez Euroland Corporate, nous encourageons l’utilisation des réseaux sociaux pour communiquer, mais rappelons l'importance de respecter les bonnes pratiques afin de protéger l’entreprise et ses parties prenantes des risques financiers et réputationnels.

    Dans une précédente Question Corporate de mars 2023 ici nous évoquions les propositions relatives à la mise en place de l’Union des marchés de Capitaux (UMC) visant notamment à simplifier l'accès aux marchés de capitaux européens pour les PME.

    Dans le cadre des réformes continues visant à dynamiser les marchés financiers européens, une série de nouvelles dispositions concernant l’exemption d’établissement de prospectus est en préparation. Ces mesures, portées par le futur Listing Act européen, sont particulièrement attendues par les acteurs du marché, notamment les petites et moyennes entreprises cotées. Elles touchent directement à l’objectif de simplification des levées de fonds sur les marchés boursier pour les smallcaps, tout en maintenant un niveau de transparence adéquat pour les investisseurs.

    Contexte et enjeux

    La règle de base veut que, pour faire une offre ouverte au public les entreprises cotées doivent établir un prospectus approuvé par l’AMF. Il existe déjà en France un certain nombre d’exemptions à cette obligation en fonction du marché sur lequel la société est cotée et de la taille de l’opération.

    Bien que ce cadre réglementaire vise à protéger les investisseurs en assurant un haut niveau de transparence, il constitue encore un frein financier et administratif, notamment pour les petites entreprises cotées, l’établissement d’un prospectus complet représentant un coût souvent significatif en termes de temps et d’investissement.

    La réforme proposée dans le cadre du Listing Act vise à assouplir ces exigences, en permettant aux entreprises d’échapper à l’obligation de publier un prospectus dans plusieurs cas spécifiques. L'une des principales dispositions concerne l'élargissement de l'exemption à l’établissement d'un prospectus pour les petites offres ainsi que pour les opérations représentant moins de 30 % des titres déjà émis.

    Vers une simplification bienvenue

    Désormais, les entreprises cotées pourront profiter d’une exemption à l’obligation d’établir un prospectus :

    1. lorsqu’elles émettent des titres équivalents à ceux déjà admis à la négociation, à condition que ces titres représentent moins de 30 % des titres existants, contre 20 % auparavant. Cette mesure, qui s’appliquera tant sur les marchés réglementés comme Euronext Paris que sur les marchés moins contraignants comme Euronext Growth, permettra aux émetteurs de lever des fonds plus facilement et rapidement, sans passer par l’élaboration d’un prospectus complet.

    Ces évolutions seront particulièrement bénéfiques pour les PME, qui ont souvent recours à de petites émissions pour financer leur croissance. Elles allègent non seulement les coûts liés à l’émission de nouveaux titres, mais simplifie également les démarches réglementaires de l’entreprise.

    Quelles conditions pour bénéficier de ces exemptions ?

    Il est important de noter que l’exemption n’est pas absolue. Les entreprises qui souhaitent en bénéficier devront publier un document de synthèse d’environ 11 pages, détaillant les risques liés à l’opération, les raisons de l’émission, et les principales informations financières. Bien que plus léger qu’un prospectus traditionnel, ce document devra tout de même respecter un certain formalisme et être déposé auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF), sans pour autant nécessiter son approbation préalable.

    Vers une bourse plus attractive pour les PME ?

    Ces nouvelles dispositions, bien qu’encore en attente de validation finale par le Parlement européen, s’inscrivent dans une volonté plus large de rendre les marchés financiers plus accessibles aux petites et moyennes entreprises. L’objectif est clair : favoriser l’attractivité de la bourse pour les PME, en facilitant leur accès aux capitaux tout en réduisant les lourdeurs administratives.

    Le relèvement des seuils d’exemption et l’élargissement des conditions d’exemption pour les petites opérations marquent une étape importante vers un cadre plus souple et adapté aux besoins des entreprises en croissance. Si cette simplification devrait encourager un plus grand nombre de PME cotées à envisager des émissions de titres secondaires, elle pourrait soulever aussi des questions quant à la protection des investisseurs, qui devront redoubler de vigilance en l’absence de documents aussi détaillés qu’un prospectus classique.

    Selon nous, ce questionnement légitime n’est pas vraiment de mise. En effet, le sujet ici est la possibilité de rendre plus simples et moins onéreuses les opérations secondaires et de taille modeste (moins de 30% du capital et moins de 12M€) pour des entreprises déjà cotées en bourse et qui se conforment donc normalement à leurs obligations d’informations permanentes et périodiques.

    Chez Euroland Corporate, nous attendons avec impatience l’application de ces évolutions à venir qui devraient indirectement développer l’attrait des PME pour les marchés des capitaux, encourageant ces dernières à franchir le pas vers une cotation en bourse pour favoriser la diversification de leurs sources de financement.

    Le Russell 2000 : Un indice en quête de renouveau ?

    Vous connaissez sûrement le CAC Mid & Small et Euronext Growth, mais êtes-vous familier avec le Russell 2000, le cœur battant des petites capitalisations américaines ? Souvent éclipsé par les géants que sont le Nasdaq et le S&P 500, cet indice incarne pourtant l'essence même de l'innovation et de la résilience des petites entreprises. Alors que le Nasdaq, dominé par les grandes valeurs technologiques, a atteint des sommets historiques, le Russell 2000 peine à suivre. Le vent pourrait néanmoins tourner avec les perspectives économiques et monétaires actuelles, qui permettraient d’offrir à ces petites capitalisations une nouvelle dynamique.

    Qu’est-ce que le Russell 2000 ?

    Créé en 1984 par Frank Russell Company, le Russell 2000 a été conçu pour suivre la performance des petites entreprises cotées aux États-Unis. Cet indice regroupe les 2 000 plus petites entreprises du Russell 3000, qui couvre presque 100 % du marché boursier américain. Le Russell 2000 représente environ 7% de la capitalisation totale de ce dernier. Contrairement aux multinationales du Nasdaq et du S&P 500, souvent tournées vers l’international, les sociétés du Russell 2000 sont fermement ancrées dans le tissu économique domestique, reflétant les dynamiques de croissance locale et l'évolution des conditions économiques américaines. Tout comme le CAC Mid & Small en France, qui capte la dynamique des moyennes et petites entreprises françaises, le Russell 2000 joue un rôle clé dans la mesure de la santé des petites capitalisations américaines. Cependant, il existe une différence significative en termes de taille d'entreprises : la capitalisation moyenne d'une entreprise du CAC Mid & Small est d'environ 1,6 milliard d'euros, tandis que sur le Russell 2000, elle est proche de 3 milliards de dollars (environ 2,8 milliards d'euros).

    Une histoire ancrée dans l’économie américaine

    L’histoire du Russell 2000 est jalonnée de périodes où il a joué un rôle essentiel en révélant des entreprises qui allaient devenir des leaders industriels. Par exemple, dans les années 1990, avec l'émergence du secteur technologique, des entreprises comme Amazon, Netflix, et Tesla ont d’abord été incluses dans cet indice, à une époque où elles étaient encore de petites capitalisations. Ce rôle de tremplin pour les futures grandes entreprises reste une caractéristique clé du Russell 2000, un indice qui permet aux investisseurs de détecter les pépites à fort potentiel avant qu'elles n'intègrent des indices de plus grande envergure comme le Nasdaq ou le S&P 500​. 

    Au fil des années, le Russell 2000 s'est imposé comme l’indice de référence pour les petites capitalisations américaines. Sa pondération annuelle, qui a lieu en juin, garantit qu’il reste toujours représentatif des plus petites entreprises cotées aux États-Unis, tandis que ses sous-indices, comme le Russell 2000 Growth Index et le Russell 2000 Value Index, permettent aux investisseurs de choisir entre des stratégies de croissance ou de valeur​.  Le Russell 2000 reste aujourd'hui un acteur incontournable pour tout investisseur à la recherche d’exposition aux petites capitalisations. Il est largement utilisé comme référence pour des fonds indiciels et des ETF (fonds négociés en bourse), notamment via des produits tels que l’iShares Russell 2000 ETF, qui permettent de répliquer la performance de l’indice tout en diversifiant les portefeuilles.

    Figure 2 – Evolution des grands indices américains depuis 2020. NDQ100, SPX et RUT correspondent respectivement au Nasdaq 100, au S&P 500 et au Russell 2000 (TradingView au 27.09.24)

    La baisse des taux, un bol d’air pour les petites capitalisations  Bien que le Russell 2000 a souffert ces dernières années, notamment face à la domination des valeurs technologiques du Nasdaq, l’avenir pourrait s’annoncer plus favorable. Avec une inflation maîtrisée, un marché du travail en ralentissement et une consommation en berne, la Fed a surpris les marchés en septembre avec une première baisse de taux directeurs depuis 2020. Après une série de 11 hausses consécutives en 2022 et 2023 pour contrer une inflation galopante, la Fed a décidé de réduire ses taux de 0,5 point de pourcentage, au lieu des 0,25 points anticipés par les analystes. Cette réduction, qui ramène le taux directeur à une fourchette de 4,75 % à 5 %, est une réponse directe à une inflation désormais proche de 2 %, mais également à un taux de chômage en hausse, passé de 3,4 % en avril 2023 à 4,2 % en août 2024.

    Figure 3 - Evolution des taux directeurs de la FED & de l'inflation aux USA depuis 2020. USINTR et USRYY correspondent respectivement à l’évolution du taux directeur de la FED et à l’évolution de l’inflation américaine (TradingView au 27.09.24)

    Les petites capitalisations, telles que celles regroupées au sein du Russell 2000, tirent un avantage crucial des baisses de taux d'intérêt. Contrairement aux grandes entreprises du S&P 500, ces sociétés sont souvent plus endettées et possèdent une part importante de leur dette à taux variable. Lorsque la Réserve fédérale réduit les taux, le coût de ces emprunts diminue, leur permettant de refinancer leur dette à moindre coût et d’alléger leur charge financière, libérant des ressources pour investir dans leur expansion, l'innovation ou simplement pour renforcer leur trésorerie.

    Historiquement, ces périodes de politique monétaire accommodante ont souvent permis au Russell 2000 de surperformer les indices des grandes capitalisations. En attirant les investisseurs en quête de rendement dans un environnement de taux bas, les small caps voient leur valorisation grimper, leur offrant une visibilité accrue sur les marchés. Ce phénomène a déjà été observé dans les années 1980 et plus récemment durant la crise COVID de 2020, où les petites capitalisations ont souvent profité d'un regain d'intérêt, devenant le terrain de jeu privilégié des investisseurs à la recherche de croissance et de diversification​.

    Figure 4 - Données du 1/5/1980 au 31/3/2022 (12 mois après la dernière baisse de taux). Source : American Century Investments avec Factset. Les actions à petite et grande capitalisation sont représentées respectivement par l'indice Russell 2000 et l'indice Russell 1000.

    Conclusion

    Longtemps relégué au second plan, le Russell 2000 pourrait revenir prochainement sur le devant de la scène. Dans un contexte de détente monétaire, les petites capitalisations, malgré leur volatilité, offrent un potentiel de croissance indéniable. Comme le CAC Mid & Small en France, cet indice reste un moteur d'innovation et un vivier pour les entreprises en plein développement. Si le Nasdaq a dominé ces dernières années, le Russell 2000 pourrait bien redevenir un acteur clé de la bourse américaine.

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