L'ÉDITO DE MARC FIORENTINO
L'économie pour les super nuls. Je vous donne un petit problème de calculs pour enfants. (Toute ressemblance avec des personnes existantes est totalement fortuite).
Le petit Bernard et le petit Jean-Luc sont devant une pâtisserie. Ils veulent acheter un gros chou à la crème. Il coûte 3.50 €. Bernard a 6 €, mais Jean-Luc n'a qu'1€. Comment faire ?
Voici la réponse que pourraient apporter les 300 économistes qui ont signé la tribune de soutien au programme économique du Front des gauches : "Il faut confisquer 2.5€ à Bernard pour les donner à Jean-Luc". Simple non ? Et encore, cette réponse est le fruit de jours et de nuits de discussions pour arriver à un compromis. Car certains voulaient confisquer totalement les 6 € du petit Bernard. D'autres voulaient plafonner le prix du chou à la crème à 1€ même si son coût de fabrication est de 2.5 €. Et les derniers voulaient taxer le chou à la crème ce qui aurait fait monter son prix à 5 € et confisquer 3 € à Bernard pour que personne ne puisse plus s'acheter de chou à la crème, un gâteau de privilégiés.
Je caricature ? Un peu oui. Mais pas tant que ça. Si le programme économique du RN brille par son flou, et celui d'Ensemble par son track record de 7 ans, celui du Front des gauches est d'une totale clarté. C'est un vrai programme. Précis. Tout est dit.
Mais ce qui me fascine réellement, c'est que ce programme soit soutenu par des économistes réputés. Avec ou sans prix Nobel. Des gens intelligents pour la plupart. Qui savent compter. Qui connaissent les rouages de l'économie moderne ou qui devraient les connaître.
Et pourtant, ils pensent qu'on peut gérer un pays déjà en difficultés économiques en prenant l'argent des uns pour le donner aux autres, en faisant exploser les dépenses publiques alors que nous n'avons aucune marge de manœuvre du fait de notre déficit, mais également du fait de notre appartenance à l'Union européenne et à la zone euro, et en misant tout sur une économie par la demande, donc par la relance de la consommation alors que cette dernière va encore faire exploser nos importations, chinoises notamment, et creuser notre déficit commercial. Fascinant !
En attendant, je vais m'acheter un chou à la crème tant qu'il en reste encore.
La valeur de la semaine - Alfen
Alfen, spécialiste des infrastructures de stockage d’énergie et de bornes de recharge rapide pour véhicules électriques, est notre valeur de la semaine. Le groupe néerlandais (365 M€ de capitalisation boursière) a vécu mercredi la pire séance boursière de son histoire et a vu son cours chuter de près de -50%.
Déjà mal en point depuis deux ans (à son plus haut en juillet 2022, la capitalisation boursière de la société a dépassé les 2,5 Md€), Alfen a publié un nouveau profit warning en revoyant de près de 25% sa prévision de chiffre d’affaires 2024 et en ramenant sa prévision de marge d’EBITDA à un chiffre. En cause, le report d’un nombre important de contrats pour le groupe, dans un marché de l’électrification qui peine à prendre sa pleine mesure. Puisqu’une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, Alfen a également passé une dépréciation de plus de 11 M€ afin de se couvrir contre l’impact de défauts d’humidité sur l’un de ses produits et contre la dépréciation d’une partie de son stock de recharges de batterie, devenue obsolète du fait du ralentissement des ventes.
Les investisseurs semblent avoir capitulé sur le titre et la confiance être définitivement rompue. Il y a moins d’un mois, la société avait pourtant publié son Q1 et en avait profité pour reconfirmer sa guidance annuelle d’alors. Ce newsflow très négatif traduit un déficit clair de visibilité et d’anticipation de la part d’un management toujours à la recherche d’un CFO depuis début avril et d’une stabilisation du conseil de surveillance après de nombreuses évolutions ces derniers mois. Pour autant, la chute du titre n’est peut-être pas arrivée à son terme : plusieurs brokers ont averti sur la fragilisation des fondamentaux du groupe dans la foulée du warning et évoquent la possibilité d’une augmentation de capital dans les prochaines semaines. Au cours actuel, Alfen se traite 7,5x EV/EBITDA 2024.
Le secteur à la traîne - L'hydrogène
Cette semaine, le secteur de l'hydrogène affiche un léger recul. Malgré un newsflow positif sur le périmètre français avec l'aide de l'État accordée à Hydrogène de France (+5,5%) et la signature de l'avenant entre HRS et pHYnix, le secteur bat de l'aile.
La filière souffre notamment de l'incertitude politique en raison de la disparité des programmes prévus par les différents candidats. La dépendance aux stratégies gouvernementales pèse sur le secteur en France, alors qu'il y a déjà près d'un an, le gouvernement promettait 4 Mds€ pour les meilleurs projets, sur une enveloppe globale de 9 milliards, avec l'objectif d'atteindre 1 GW de capacité dans les trois années à venir. L'arrêté ne devrait cependant pas être effectif dans l'immédiat. Le parti de Jordan Bardella s'est défendu en mentionnant dans son programme un développement des technologies vertes comme l'hydrogène et la géothermie, mais sans plus de détail.
En outre, le coût à long terme de l'électricité, qui peut représenter jusqu'aux trois quarts du prix de l'hydrogène vert, demeure une inconnue supplémentaire pour le secteur. Plus généralement, le secteur est rentré dans une phase de normalisation en matière de valorisation après un très fort engouement de la part du marché en 2021-22. De son côté, le spin-off de Nel Asa, Cavendish, se fait apprécier des investisseurs. Suite à son introduction en bourse, la société désormais spécialisée dans les stations de ravitaillements haute capacité affiche une capitalisation de presque 80 M€ (NOK 900M), soit un cours +5% au-dessus de l'IPO.
Un dirigeant vous parle
A la suite de la visioconférence de Memscap, réservée aux actionnaires et investisseurs particuliers, retrouvez le replay de l'événement !
Marc Fiorentino, a interviewé pour vous Jean-Michel Karam, PDG de Memscap !
A ne pas rater la semaine prochaine
L'image de la semaine
Lors du débat politique du 25 juin sur TF1, à seulement quelques jours des élections législatives, Gabriel Attal, Jordan Bardella et Manuel Bompard ont chacun exposé leur vision pour la France.
Ce qui a marqué ce débat, c'est l'unanimité des candidats pour davantage d'étatisme, chacun à sa manière. Aucun d'entre eux n'a proposé de mesures concrètes pour stimuler l'innovation et améliorer la productivité, pourtant cruciales pour le pouvoir d'achat des Français.
Ce dimanche, allez voter ! C'est important.
Source photo : AFP/Dimitar DILKOFF
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