Une période propice aux augmentations de capital sur les small et mid caps ?

Nisa Benaddi, associée chez EuroLand Corporate
30 janvier 2024

Le contexte, et en particulier le contexte de taux, a changé la donne pour les entreprises, notamment pour les small & mid caps, compte tenu de leur profil de croissance.

Si jusque-là, les entreprises ont pu lever de la dette dans des conditions favorables, pour contribuer à financer cette croissance, le relèvement des taux, associé à une performance économique parfois plus faible, a pu créer une situation mettant en évidence des bilans alourdis par un fort niveau d’endettement, un compte de résultat pénalisé par des frais financiers plus importants, voire des bris de covenants.Cette situation incite un certain nombre de sociétés à envisager des opérations en vue de renforcer leurs fonds propres. En réalité, cela relève plus d’une nécessité, destinée à rétablir un juste équilibre au niveau bilanciel, et donc une situation plus saine.

C’est ainsi qu’en dépit de performances boursières en berne en 2023 pour le marché des small&mid caps cotées (-10,8% pour Euronext Growth, -2,7% pour le CAC Small et +1,4% pour le CA Mid&Small), les augmentations de capital des valeurs cotées sur cette classe d’actifs, ont plus que doublé ; avec 980 M€ de fonds levés pour 46 entreprises contre 444 M€ levés pour 27 entreprises en 2022.

Si le marché des opérations d’augmentation de capital reste dynamique, il a toutefois évolué vers de nouveaux schémas. Nous pouvons citer les suivants

L’importance des actionnaires historiques

Auparavant, la présence des actionnaires historiques, fondateurs, fonds ou industriels, aux tours de table, n’était pas nécessaire. Cela devient de plus en plus un pré requis, censé envoyer un message fort aux nouveaux investisseurs, qui sauront être en défiance vis-à-vis de sociétés non soutenues par leurs actionnaires. Et il n’est pas rare de voir des opérations d’augmentation de capital dans lesquelles les actionnaires historiques s’engagent à participer au minimum à hauteur de leur prorata de détention du capital, voire bien plus, jusqu’à garantir sa pleine réalisation, soit 75% du montant ciblé.

Des opérations atypiques

De plus en plus d’opérations revêtent un caractère atypique. On peut citer le cas d’opérations d’augmentation de capital garanties par des investisseurs qui perçoivent une rémunération au titre de leur engagement de garantie. Que leur engagement de souscription soit exercé ou non (dans le cas d’une très forte demande), l’investisseur qui aura pris le risque touchera un pourcentage du montant de son engagement, voire même une rémunération complémentaire pour la tranche qui sera effectivement investie. Un mécanisme souvent plus adapté à des sociétés avec un pourcentage de flottant très important.

D’autres opérations commencent à voir le jour ; des augmentations de capital venant se substituer à des mécanismes dilutifs type OCABSA en place. Ainsi, la réalisation de l’opération sera conditionnée à l’arrêt du dispositif. La thèse d’investissement pour les nouveaux investisseurs est d’entrer au capital d’une société s’étant restructurée grâce à la ligne de financement, à la valorisation très basse et souvent à la liquidité très élevée

Pas de risque d’échec

Sans une forte visibilité en amont du lancement de l’opération grâce aux engagements déjà obtenus, peu prennent le risque de lancer une opération, et ainsi de la commercialiser pleinement une fois annoncée. Et là encore, il n’est pas rare de voir des augmentations de capital annoncées avec des engagements couvrant plus de 75% du montant de l’opération ciblé, excluant tout risque d’échec. D’autant plus que nombre d’investisseurs institutionnels ne souhaitent pas être sondés en amont, et sont susceptibles de prendre leur décision d’investissement pendant la période de placement, en fonction de la demande en amont, mais également de l’évolution du cours de bourse et du bon marketing de l’opération.

La présence des investisseurs particuliers

Avec la tendance accrue du nombre d’actionnaires individuels, et en particuliers sur les Small&Mid caps, que nous avons à maintes fois évoquée ici, les sociétés ne peuvent plus les exclure des augmentations de capital. Au-delà des montants susceptibles d’être investis, c’est avant tout une démarche consistant à leur donner la faculté de s’associer à une opération de recapitalisation. Et même dans le cas d’opérations par voie de placement privé, les particuliers peuvent être intégrés (dans une proportion limitée à 20% de l’émission). La présence d’investisseurs particuliers est d’autant plus importante qu’elle pourrait être le gage d’une bonne liquidité post opération.

Ces éléments démontrent la pertinence de la cotation pour les small&mid caps, grâce à des marchés financiers capables de s’adapter et ainsi répondre à des besoins de financement.

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